Aimer, c’est peut-être une envie de partager, mais, surtout, partager ses envies, non ?
… PETIT PRODUCTEUR ? Qui suis-je donc ? Un paysan (cf. note ci-dessous), un cultivateur, un maraîcher, un agriculteur, un exploitant agricole ou un agri-manager ? Non, je ne suis que “cotisant solidaire”, statut de la mutualité sociale agricole, sans aucun droit à une couverture sociale, ni retraite ! De fait, je travaille une parcelle de 1,2 hectares en SAU (surface agricole utile), c’est-à-dire sans les haies et autres passages de service, en rotation triannuelle, soit environ 3 à 4 000 m2 par an, en bref, un grand jardin ! Cela pourrait tout aussi se définir comme une micro-ferme et si vous voulez en savoir plus, cliquez ICI !
Depuis l’an 2000, j’ai changé totalement de vie, de la ville à la campagne, de l’industrie à l’Agriculture Biologique (AB… Antoine et Brigitte, ma compagne) ! Et de la nature à la culture, j’ai retrouvé les fondements de la vie humaine ! vous y comprenez quelque chose ? Produire, vendre, un autre couple, moins idyllique ! Face cachée, face visible … comme la lune, avec laquelle j’essaie de composer mes menus ” agronomiques” : semer, planter, entretenir, récolter; je pratique la culture de légumes de saison, à partir de semences bio et non-hybrides, et de quelques fruits. Face visible : je vends l’essentiel de ma production sur le marché bio et fermier de Cadillac, tous les samedis matin. Et quand on achète un produit, on “achète” le monde qui va avec … et, peut-être, plus écologique !
Le chemin vers l’agriculture n’est pas des plus faciles et l’accès au foncier en est peut-être le plus difficile ! Toutefois, avant même de me lancer, j’avais aussi essayer de me former, par la pratique, et de savoir si je tenais le coup … physiquement ! Et j’ai eu la chance de pouvoir le faire, pendant toute une saison, d’avril à octobre 1996, à Genève, dans une coopérative de consommateurs et jardiniers – fondateurs des Jardins de Cocagne, merci Reto, Claude et les autres qui m’ont donné envie de reprendre racine – en participant à la production, à la mise en “cornets” – les paniers à la suisse – ou même à la distribution dans divers quartiers de Genève, mais, aussi, à la vente sur les marchés et, çà, çà m’est resté !
NOTA BENE ” Ces paysans qui ont fait l’Europe ! A partir du VIIème millénaire av J-C., la pratique de l’agriculture et celle de l’élevage, originaires de la Méditerranée orientale (le Tigre et l’Euphrate) gagnent l’Europe, unifiant peu à peu l’organisation sociale, les techniques, les pratiques alimentaires – Jean Guilaine. “
Le paysan est donc l’héritier d’une histoire de plus de 10’000 ans, d’agriculture et de biodiversité, sans laquelle aucune variété d’utilité agroalimentaire n’existerait ! (voir le livre de M. Mazoyer et L Roudard ” Histoire des agricultures du monde “). Un fragment de cette histoire vous est donné ci-après :
Du XIe au XIIIe siècle, l’Europe connut une phase sans égale de croissance et de développement. C’est alors que furent créés les paysages qui sont encore ceux de nos campagnes. Plus que le temps des chevaliers et des seigneurs ou des moines et des prêtres, ce temps fut celui des laboureurs, des manants et des vilains, dont le travail seul fut à l’origine de cette prospérité.
Le temps des laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe (XIe-XIVe siècle), Albin Michel, collection “L’évolution de l’humanité”, octobre 2012, de Mathieu Arnoux.
« La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés », écrivait le théoricien Antonio Gramsci. (dans la traduction française des Cahiers de prison parue aux Éditions Gallimard sous la responsabilité de Robert Paris: Cahier 3, §34, p. 283)…. Un autre monde est-il donc possible ou même nécessaire ?